H2O du 21 04 11
Une exploration du travail sonore d’Etienne Noiseau en guise de préambule à sa carte blanche radiophonique de 20h30 au lieu unique.
par Anne Laure
Riot radio hit, c’est le titre d’une pièce courte un peu potache, faite en réponse à l’appel Revolutionary sound lancé par Radio Papesse, à Sienne en octobre 2008.
Sur les thèmes de l’appel à contribution, Etienne Noiseau était incapable de répondre à la question : “Quel est le son de la révolution ?”... Le son de la révolution est-il seulement un, comme le fameux Grand Soir ? Est-il fort ? Est-il bruyant ? Est-il au contraire doux et sourd ? Peut-être est-il muet... Tout comme il était incapable de débattre sérieusement du rôle de la radio dans la révolution. Peut-être ne croit-il pas tellement au Grand Soir mais plutôt en nos petites révolutions silencieuses personnelles.
L’archive qu’on peut entendre dans cette pièce est un reportage dans la rue pendant les événements de mai 1968 à Paris. Alors qu’il se trouve en plein milieu des belligérants, le reporter est soudainement atteint par un projectile et la scène vire au comique.
Etienne Noiseau a donc préféré faire une pièce où la radio se trouve touchée par la révolution, car cela arrive vraiment aussi.
Relax ! nous sommes en démocratie (7’22) est une pièce sonore de Floriane Pochon et Etienne Noiseau, composée “dans l’allégresse, la somnolence, le dégoût et l’inquiétude” quelque temps après les élections présidentielles de 2007 en France. Cette pièce était à l’origine un complément de programme au numéro 113 de Radia.
Le principal matériau de Relax !... est issu de véritables séances audio d’hypnose et de relaxation. Parce qu’en effet, une séance d’hypnose commence toujours par des recommandations qui pourraient être celles d’une émission de création radiophonique. Et parce qu’en effet, la radio et certains messages propagandistes qu’elle diffuse possèdent de semblables vertus hypnotiques. “Dormez, citoyens : les médias veillent…”
4’33’’ pour la radio
Créée en 1952 au piano par David Tudor, 4’33” est une œuvre fondamentale pour comprendre la notion de silence chez John Cage. Pendant toute la durée de l’œuvre, aucune note de musique ne viendra briser l’ambiance naturelle du lieu où l’on est venu écouter et c’est cela qu’on écoute. 4’33” est une œuvre qui peut "être exécutée par n’importe quel instrumentiste ou combinaison d’instrumentistes et sur n’importe quelle durée".
Le 8 février 2008 à 13h30 a été créée la version de 4’33” pour la radio en présence du poète et traducteur de Cage Vincent Barras. Était également présent l’artiste sonore Cyprien Parvex de Collombey.
Ressources :
4’33" sur Wikipedia
Un essai (en anglais) sur 4’33"
Vidéo d’une interprétation de David Tudor au piano
Vidéo de l’interprétation par le BBC Symphonic Orchestra en 2004
Accélération (1’)
Contribution au projet One-minute vacation, que dirige depuis 2003 l’artiste sonore étasunien Aaron Ximm sur Quietamerican.org. Chaque semaine il publie un son brut d’une minute, envoyé par quelqu’un de quelque part dans le monde. Ensuite il édite une compilation des cinquante-deux “minutes de non-silence” de l’année écoulée, dont le fruit des ventes est reversé à une ONG.
Capsule sonore publiée le 4 septembre 2006 sur cette page, enregistrée deux semaines auparavant, en pleine fête foraine estivale à Bruxelles.
Kelmori : îles du Frioul (25’12)
Kelmori est un projet d’écoute des paysages sonores des petites îles de Méditerranée. En avril 2008, une dizaine de personnes, autour du compositeur et artiste sonore Yannick Dauby, est allée écouter le Frioul, archipel de Marseille. À l’issue de trois jours (et nuits) sur place et de trois jours en studio, a émergé une création sonore mettant en forme les différentes expériences d’écoute sur l’île, autour de l’île et en dessous de l’onde : oiseaux en surface, phénomènes atmosphériques et mouvements aquatiques.
Une pièce sonore de et avec Paul Anders, Céline Bellanger, Caroline Bouissou, David Bouvard, Yannick Dauby, Sonia Levy, Clémentine Maillol, Étienne Noiseau, Olivier Pelletier, Bruno Persat, Annabelle Piat, Marine Richard, Nicolas Rousson.
The Pompeii Drops (3’27)
D’après un enregistrement au fameux lupanar de Pompéi, par un jour gris de décembre 2009, au milieu de touristes germanophones, francophones et hilares, bien sûr. Il paraît que Pompéi s’écroule.
Tramuntana (Camp de Rivesaltes) (4’58)
Le personnage principal de cette pièce est le Vent, en l’occurrence la Tramontane, un vent sec, froid et très violent qui souffle 300 jours par an sur cette partie du littoral méditerranéen français. Et plus précisément, nous sommes là à proximité du village de Rivesaltes, dans la plaine du Roussillon qu’on appelle aussi « Catalogne Nord », dans les ruines d’un immense camp d’internement désert. Le Camp de Rivesaltes possède une très lourde histoire. Les conditions de vie étaient atroces. La faim, le froid glacial du vent ou au contraire les chaleurs torrides de l’été, les maladies, décimèrent des familles entières.
La Tramontane est le personnage principal, celui qui souffle sur l’Histoire, qui la fait et la défait. En effet, à l’origine était le Vent que rien ne venait contrer sur cette plaine. Puis ce Vent a transi et harassé des milliers de personnes en détresse. Enfin, il a eu pratiquement raison des bâtisses que l’homme a érigées sur le lieu. Aujourd’hui, c’est à travers le bruit incessant des éoliennes que le Vent règne encore sur le paysage sonore de cette plaine.
Cette pièce est peu amène et séduisante, car le sujet ne l’est pas. C’est cependant un endroit où s’est écrite une page importante de l’Histoire de l’Europe. Nombre de nationalités et de langues s’y sont côtoyées ou succédées. C’est un endroit encore trop méconnu, sur lequel le projet de Mémorial veut être une sentinelle essentielle des valeurs européennes.
Etienne Noiseau a carte blanche ce jeudi 21 avril au salon de musique du lieu unique (entrée libre).
Documents joints
-
H2O 21 04 11 (MP3 - 103.7 Mo)