Histoires d’Ondes du 19/03/2015
Lie mineure est un documentaire sonore de 50 min.
L’autre
Une autre langue
L’étrange...
Le temps de guerre
Le temps de paix
Le temps de recevoir
Le temps d’émettre.
En premier lieu, Lie mineure est toute ouïe.
Quelqu’un, une femme, est née ici et décide de revenir y vivre maintenant. Ici, c’est Arbéost, petit village des Hautes-Pyrénées. Ce pourrait être ailleurs. Sous la langue d’ici, la femme entend quelque chose qui vient d’avant. Il y a ce que les habitants racontent, il y a le comment ils le racontent. Mais, tout cela n’est que perception.
Elle part à la cueillette de traces palpables, ce que l’on nomme : archives, remises par des habitants désireux de transmettre. Les dites archives domestiques ou d’amateurs, les dites archives publiques. La récolte est bonne. Elle les étudie avec des spécialistes (ethnologues, linguistes, cartographes), elle les protège avec d’autres spécialistes (archivistes) mais, quelque chose échappe encore. Les documents ne livrent pas « tout ». Quelque chose pourtant perceptible dans le vécu d’aujourd’hui, dans la parole, dans l’environnement, dans le rapport à l’autre.
En second lieu, Lie mineure est née du désir de vivre aujourd’hui, une autre relation aux archives.
De la nécessité d’une approche, subjective certes, mais en lien avec l’espace présent. Créatrice de présent, même. Le présent, c’est 2014 ans après Jésus-Christ. Cent ans plus tôt, une longue
guerre commençait. En 1914, dans les communes d’Arbéost et de Ferrières, le prêtre publie chaque dimanche un bulletin paroissial qui, au rythme des événements liturgiques, relate une actualité, notamment celle des premières heures de la guerre. Cinquante ans plus tard, un autre prêtre, Roger Larrouy, officiant dans les communes de la vallée de l’Ouzoum, entreprend une série d’enregistrements auprès de personnes nées au début du siècle. Il apprend leur langue, un occitan qui n’est pas
tout à fait le sien, et recueille le récit de leur vie avant que les traces ne disparaissent.
Cinquante ans plus tard, quatre personnes rassemblées par la femme d’ici, prennent le la du passé, le là du présent, écoutent l’enchevêtrement des voix, des corps, des langues, voyagent avec, et émettent le document sonore Lie mineure.
En troisième lieu, Lie mineure se nomme.
Lie, parce qu’au cours de transformations d’un siècle, quelque chose se dépose.
Lie, comme une injonction singulière à lire un passé.
Lie, du verbe lier conjugué à la première personne du présent.
Mineure, pour le mode et ses formes harmoniques, mélodiques, naturelles.
Mineure pour la minorité, les langues ancrées.
Mineure pour approcher des notes extrêmes.
Lie mineure, parce que ce n’est pas le lit majeur occupé lors des plus grandes crues.
En quatrième lieu, Lie mineure constitue un nouveau document qui évoquera la vie de ceux qui sont toujours là et de ceux qui y reviennent.
Production : D’Ou Bienes - Oun Bas ? / Compagnie Translation,
Coproduction : Maison de la Vallée de Luz en partenariat avec Fréquence Luz, radio du Pays de Lourdes et des vallées des Gaves.
Projet soutenu par la Région Midi-Pyrénées, le Conseil général des Hautes-Pyrénées, le Parc National des Pyrénées dans le cadre du Projet Culturel de Territoire.
Équipe artistique : Manoell Bouillet (écriture), Laure Carrier (prise de son, montage), Denis Cointe (réalisation), David Coutures (mixage), Marion Débats (collecteure de mémoire) et Didier Lasserre (création musicale).
Documents joints
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H2O du 19 mars 2015 : Lie mineure (MP3 - 63.6 Mo)