Le Tour du Disque #26, mardi 19 mai 2020 à 19h
Genre mineur traditionnellement réservé aux circuits courts (productions télévisuelles et radiophoniques hier, chercheurs de pépites aujourd’hui), l’illustration sonore est en quelque sorte le petit frère pauvre de la musique de film.
Et pour cause, la pricipale différence est que les oeuvres ne sont pas destinées au public, mais bien aux professionnels de l’audiovisuel. Les albums sont eux souvent publiés au sein d’une série à la pochette impersonnelle, le nom du compositeur pas toujours mis en avant voire planqué derrière un pseudonyme, et ce pas toujours pour des raisons légales. C’est un peu là où les requins de studio semblent tuer les heures perdues en enregistrant de la musique au mètre - ce qui peut parfois donner naissance à de véritables coups d’éclat, mais se révèle rarement passionnant sur la longueur, conclusion qui n’engage que son auteur.
Citons quelques-uns des plus fameux labels, recensant plusieurs centaines de références : en Angleterre KPM, Chappell, Burton, Music De Wolfe ; Cam en Italie ; Im/L’illustration Musicale, Tele Music, Neuilly ou encore Montparnasse 2000 en France, pour lesquels enregistreront de célèbres compositeurs tels Ennio Morriconne, Vladimir Cosma, Pierre Bachelet, Michel Magne... ainsi qu’une myriade d’autres inconnus du grand public.
Près d’un demi-siècle après sa naissance, l’illustration musicale continue de susciter l’intérêt des DJs, producteurs, anonymes passionnés. Mieux, certains musiciens, souvent portés sur le studio, le matériel et les techniques d’enregistrement, semblent prolonger cet héritage. Dans l’hexagone, on pense à Forever Pavot, Anthony Cedric Vuagniaux, ou encore Ojard.
Projet porté par le multi-instrumentiste Maxime Daoud, Ojard s’est fait remarquer en 2017 avec la publication de l’album Euphonie, disque dont la pochette reprend largement les codes de l’illustration musicale. Plus intéressant encore, son contenu qui sonne comme le fruit d’une unique session de studio. Dix titres d’environ trois minutes chacun, comme autant de court-métrages, rappelant les grandes heures du cinéma français, et notamment les bandes originales de Philippe Sarde pour Claude Sautet.
Une heure pour (re)découvrir cet album et emprunter quelques chemins de traverses, avec une pensée pour Michel Piccoli.
C. Perraudin & B. Laroche / Nostalgie in Blue (Patchwork 17 Harmonica / Accordéon, Patchwork 1975)
Ojard / Plage de la Concurrence (Euphonie, Contours 2017)
Antena / To Climb The Cliff (Camino Del Sol, Numero Group 2004)
Ojard / Dormir
Hampshire & Foat / The Solar Winds (and Candeza) (Galaxies Like Grains Of Sand, Athens Of The North Records 2017)
Ojard / Regarde en bas où l’ombre est plus noire
Philippe Sarde / La Lettre de Rosalie (BOF César & Rosalie, Cam 1972)
_Ojard / Phonogénique
Ryuichi Sakamoto / Thatness & Thereness (B-2Unit, Alfa 1980)
Ojard / Sans craindre le vent et le vertige
Dislocation Dance / (The next year i returnd to) St Michelle (but Marie was gone and with her my childhood) (Hommage à Duras, Interior Music 1987)
Ojard / Les machines parlantes
Abrax / Blue Eminence (Abrax, Disc Waldberg 1973)
Ojard / La question
John Cunningham / Flowers will grow on the this stony ground (Fell, Microcultures 2016)
Ojard / Les coursiers de l’exil
Mocke / Causse de misère (L’Anguille, Objet Disque 2016)
Ojard / De sang bleu
Benjamin Lew & Steven Brown / Moments (A propos d’un paysage, Crammed Discs 1985)
Ojard / Quelle histoire, là-bas, attend sa fin ?
Documents joints
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Le Tour Du Disque #26 : Ojard (MP3 - 142.2 Mo)