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Oracle Musical – épisode 26 – Jeux Floraux
Le 3 mai 1324, de riches bourgeois organisent une joute poétique entre troubadours, trouvères et ménestrels de tous pays. Ainsi naît le premier concours de poésie d’Europe, sinon du monde. Les concurrents doivent s’exprimer en langue d’oc, la langue du Midi toulousain. Cette langue, imprégnée de tournures latines ou romanes, se distingue de la langue du Bassin parisien, la langue d’oïl, d’où nous vient le français actuel (leur nom respectif vient de ce que oui se disait oc à Toulouse et oïl à Paris). Pour donner corps à leur initiative, les organisateurs du concours de poésie offrent une violette d’or au gagnant et donnent à leur groupe le nom de « compagnie du gai savoir ». Dans cet intitulé plein de gouaille perce déjà l’esprit de Rabelais !... Les capitouls, bourgeois qui gouvernent la ville au nom du comte de Toulouse, ajoutent un souci d’argent et une églantine d’or aux prix qui seront décernés chaque année. En 1515, la compagnie prend le nom de Compagnie des Jeux Floraux. Elle se place peu après sous le patronage de Clémence Isaure, une dame du siècle précédent qui lui aurait fait don de ses biens... mais dont l’existence n’est en rien avérée. Le jury des Jeux Floraux a fait la preuve de sa sagacité en récompensant d’une Églantine Pierre de Ronsard en 1554 et d’un lys d’or le jeune Victor Hugo (19 ans). Chateaubriand a été également couronné. Et bien sûr le poète François Fabre d’Églantine qui nous a légué le calendrier révolutionnaire et « Il pleut, il pleut, bergère... » (la deuxième partie de son nom rappelle l’églantine d’argent remportée aux Jeux Floraux et dont il était très fier !). L’Académie des Jeux Floraux est aujourd’hui hébergée dans le somptueux hôtel d’Assézat, une demeure de style Renaissance, en pierre et en brique, bâtie à la fin du XVIe siècle par un marchand enrichi dans le commerce du pastel.
Ces vers célèbres de Victor Hugo, Jean Sermet, secrétaire perpétuel de l’Académie des jeux floraux de Toulouse, les récite de tête.
Ce siècle aura deux ans et partout, on s’apprête à célébrer le bicentenaire de la naissance du poète. Dans l’antre de l’Académie, à l’abri dans une dépendance de l’hôtel d’Assézat, c’est sans emphase que les vieux académiciens ont remis la main sur le texte qui avait fait de Hugo adolescent, le favori des jeux floraux.
Le concours toulousain de poésie l’opposait alors à Lamartine. « Et c’est finalement Victor-Marie Hugo qui remporta le Prix du lis d’or », s’amuse rétrospectivement Jean Sermet, ancien professeur d’université entré à l’Académie il y a près d’un demi-siècle. La société savante toulousaine était donc la première à reconnaître les talents du poète. Victor Hugo sera toujours reconnaissant à tel point que lorsqu’il se vit, sous le Second Empire, refuser l’entrée à l’Institut, le poète déclama pour sa défense : « Toulouse la romaine, où dans des jours meilleurs, j’ai cueilli tout enfant la poésie en fleurs ».
Documents joints
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Oracle Musical - 26 - Jeux Floraux (MP3 - 34.3 Mo)
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